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Jour 79 - De la nécessité du public

Voilà quelques jours que nous sommes arrivés en Bretagne, et comme vous avez pu le voir dans l'article précédent, elle regorge de lieux pour accueillir et promouvoir le spectacle vivant.

On aime ça.


Là c'est Lila, un berger Australien qui fait le spectacle à elle toute seule



Jeudi nous avons rencontré un marionnettiste, Serge Boulier, directeur du Théâtre à la Coque. Lieu qui deviendra, si tout se passe comme prévu, Centre National de Marionnettes.

Un parcours atypique de mécanique générale jusqu'à la rencontre avec le bois des marionnettes, la reconnaissance de son travail auprès des publics et la création de son lieu de résidence et de travail, le Théâtre à la Coque "Et pas à la coke..." comme il précise lui même.



À la coque, car personne ne peut deviner la cuisson d'un œuf avant de l'avoir ouvert comme aucun artiste ne peut deviner la qualité d'un spectacle avant de l'avoir présenté au public.

Une nouvelle manière de montrer que toute forme de représentation semble assez absurde en l'absence d'un public. C'est déjà ce que nous avait fait remarquer Marius Fouilland lors de notre passage dans le Gers. Je résume ses propos: Tant que tu n'as pas senti l'attention des spectateurs et les rires dans la salle, tu ne peux pas savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas.

Je repense à Ghislaine Gouby, programmatrice des scènes du Golf, qui nous parlait des représentations par internet. Vous savez peut-être que de nombreux théâtres ont proposé leurs spectacles en ligne, voire des versions filmées d'anciens spectacles, parfois payantes. Une manière de conserver le lien pendant les fermetures et d'avoir l'illusion de vivre encore un peu de théâtre.


Ce mode de diffusion, bien qu'utile, ne remplacera jamais la machinerie humaine, le souffle commun que dégagent une salle de spectateurs et les artistes sur scène. C'est cette union qui donne aussi au théâtre toute sa dimension et sa nécessité. Se retrouver, vivre ensemble la même représentation, unique pour chacun, mais partagée par nos sens et notre empathie. Avoir une réflexion commune, autour d'un sujet qui met notre condition humaine en scène, voir nos défauts, notre absurdité parfois au même titre que notre courage ou la poésie d'un regard, la puissance des corps et des mots.

La sensation, pour un spectateur, que le voyage est vécu par d'autres personnes et d'avoir été là, avec eux, puis d'en parler autour d'une boisson avec les artistes. Rentrer chez soi, perdu, heureux, les larmes dans la gorge, amusé souvent, soulagé, déçu parfois ou complètement guéri. C'est ce qu'une paire de chaussure, un hamburger ou une montre ne sera jamais capable de vous offrir, malgré tout le marketing qui voudra nous persuader du contraire.


De la nécessité du public donc, puisque ces sensations et tout le sens que peut prendre une représentation ne sauraient exister sans vous, nous et les autres. Priver le spectacle d'un public, c'est priver le feu de bois des mains qu'il réchauffe et des conversations qu'il entraîne.


Je dois vous laisser car l'aventure continue. Cependant, vous aurez bientôt un article sur le voilier que nous avons eu l'occasion de manœuvrer avec Augusta (La Bretagne, ça vous gagne...) et sur une course de bateaux qui aura lieu demain à laquelle je participe.


Blandine et son Papa qui nous accueillent chez eux et nous forment au voilier



A très bientôt !


Co


PS: ça y est, notre lettre à Ariane Mnouckine est partie


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